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meli-melo de moi
1 juillet 2007

Gloomy Heaven

Mon paradis, c’est pas vraiment l’Eldorado. Il est juste artificiel. C’est pas vraiment le bonheur, juste un certain plaisir. Il n’est pas non plus très sain, si on le regarde de près, mais je dois m’en contenter. Je crois qu’il n’est pas non plus très utile à l’humanité mais je suis égoïste.

 Je cours les rues, les périmètres bien définis, sans dépasser. Je mordille mes clés de voiture, allume cigarettes sur cigarettes. Je cours les rues. Je crois que j’ai toujours l’impression de ne pas avoir tout vu… Alors j’y retourne sans cesse, dans ces rues.

 J’ai pas le choix, rien d’autre à faire. Je m’ennuie dans ces rues que je parcours. Et puis lorsque je pense avoir tout vu, je m’enferme dans ma tête et laisse mon corps cheminer à sa guise. Je m’isole ainsi, dans mes rêveries, pensées précieuses ou pas, je me cloître… Jusqu’à ce qu’un inconnu m’en sorte.

 Mademoiselle, ça va ? dit-il d’un ton intéressé. Je le regarde comme si je ne comprenais pas, puis je baisse la tête et repars. Je reprend ma réflexion au point où l’on me l’a retenue. Je n’oublie jamais ce que j’avais en tête en général, bien plus important que cet inconnu sans pudeur. J’ai peur de tous ceux-là d’ailleurs.

 J’ai déjà pleuré dans ces rues. Sans scrupule mais avec un peu de réserve. La délicatesse de ne pas laisser échapper des plaintes trop bruyantes, c’est mieux pour tout le monde. Surtout pour les autres que pour moi. Mais je suis égoïste. J’ai honte en fait quand je pleure dans les rues.

 J’ai souri, aussi, dans ces rues. Et je ne sortais pas d’un centre où l’on enferme ces fous. J’ai souri, mais je crois que personne ne comprenait pourquoi. Et cette ignorance me donnait encore plus envie de sourire ! Mes lèvres s’y plaisent, c’est tellement rare de le faire ainsi…

 Et puis j’ai croisé beaucoup de gens dans ces rues… Des gens tous différents, certes, mais je ne sais pourquoi, enfin si peut-être, ils me semblaient tous semblables. Il faut dire que ce n’était pas chez moi ces rues. C’était l’étranger tout le temps, la même odeur terrible de l’abstraction. Rien ne se considère dans sa globalité, là-bas. Et ici aussi d’ailleurs, mais tout est différent !

 J’ai vu que des têtes de cons, des emmerdeurs de première classe, j’ai vu des gueules d’ange, des pétasses qui se la pètent, des vieux ploucs qui se font chier assis sur les bancs… J’ai vu plein de monde avec le temps, des groupes de jeunes qui font les cons, des éternelles indécises dans les magasins de fringues…

 Et je m’en fous si vous saviez, mon paradis c’est parcourir ces rues, sans but, sans itinéraire, c’est voir tout cela. C’est mon corps qui décide, car mon paradis, ce sont mes pensées. Ce sont elles qui me font me sentir à part de tous ces gens, c’est lorsque j’espère que personne n’entend ce que je me dis. C’est cette intimité avec moi-même. Son intelligence, mais c’est aussi parfois une réflexion face à une paire de chaussures !

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